Comment choisir un système de GTB adapté à ses besoins ?
Trois questions à Frédéric Wafflart, directeur du développement commercial chez AREAL, pour apporter un éclairage sur les critères de choix d’un système de GTB.
Question 1 : Dans le cadre d’un projet de GTB, quels conseils donnerais-tu lors de la phase de définition du besoin ?
A mon sens, il convient de distinguer le cas d’un bâtiment existant de celui d’un bâtiment neuf.
Pour un bâtiment existant, je mettrais en avant deux étapes essentielles à suivre :
- Premièrement, prendre la mesure des installations déjà en place et connaitre les consommations énergétiques actuelles (par zone fonctionnelle et par énergie avec, si possible, une idée de l’intensité d’usage). Cela permettra d’évaluer la performance des installations par rapport au standard, d’estimer les économies à réaliser pour respecter le décret BACS d’ici 2030 et l’effort financier à consacrer pour l’installation de la GTB.
- Deuxièmement, réaliser un inventaire des installations pour lister les équipements en place et leur capacité de communication. Ces éléments permettront de définir un cahier des charges adapté à l’existant, aux objectifs de réduction de consommation énergétique et au budget. Et donc d’évaluer le ROI de l’investissement.
Pour un bâtiment neuf, la définition du besoin est simple. Il faut s’orienter vers le nec plus ultra en matière de GTB pour rentrer dans les clous de la réglementation. Je conseille donc d’investir d’emblée sur un système de GTB de classe A, le plus haut niveau selon la norme EN 15232. Soit une solution intégrant un logiciel de supervision associé à un outil de suivi énergétique. Si cet outil est natif à la supervision c’est le must : cela garantit la cohérence de la solution et permet de réduire les coûts de mise en œuvre qu’il faut prendre en compte dès le début du projet.
Par ailleurs, l’ensemble des composants de la GTB doivent être ouverts et interopérables grâce à l’utilisation par exemple de protocoles de communication normés et ouverts, tels que BACnet IP, Knx, Modbus TCP IP, etc. L’idée est de choisir une solution pérenne et évolutive facilitant l’intégration des nouvelles technologies dans le temps pour servir l’objectif d’efficacité énergétique de son ou ses bâtiments.
Question 2 : Selon toi, quelles sont les qualités requises d’un « bon » système de GTB ?
Tout d’abord, il me semble essentiel d’envisager le système de GTB comme un moyen de réduire l’ensemble des coûts d’exploitation. L’objectif étant d’obtenir un retour sur investissement le plus court possible. D’après le CEREMA, entre une GTB qui réalise simplement la fonction de surveillance et une GTB qui intègre un logiciel de supervision et un outil de suivi énergétique, on constate par exemple une économie sur la facture de chauffage de l’ordre de 38 %. C’est le retour d’expérience observé.
En sachant cela, voici les critères qui me semblent essentiels pour bien choisir les composants de sa GTB :
- L’interopérabilité : ne pas hésiter par exemple à imposer des protocoles de communication inter-composants ouverts, tels que BACnet IP, Modbus TCP IP ou Webservices et éviter les protocoles propriétaires de certains fabricants.
- L’intégration à la GTB d’un logiciel de supervision évolutif, indépendant des fabricants et intégrant nativement un outil de traitement de donnée orienté propriétaire/exploitant. C’est la condition pour disposer d’un outil de pilotage intelligent indispensable pour non seulement anticiper et optimiser les interventions, mais aussi pour cibler les améliorations à apporter aux installations du bâtiment.
- Enfin, le système de GTB retenu doit permettre de vérifier que le rendement énergétique des installations correspond toujours à ce qui a été promis par le fabricant (surtout pour les bâtiments neufs).
Question 3 : Quels conseils d’expert pourrais-tu partager avec celles et ceux qui se lancent dans un projet de GTB ?
Que ce soit pour un bâtiment neuf ou existant, mon conseil principal est de considérer la GTB comme un outil d’amélioration continue amené à évoluer pour optimiser les coûts d’exploitation en permanence.
Le recul statistique offert par un logiciel de supervision intégré à la GTB permet d’orchestrer les évolutions liées aux cibles de performance énergétique. Vous testez ainsi vos pistes d’améliorations avant de les déployer à plus grande échelle.
De manière générale, la GTB doit intégrer l’intensité d’usage par zone (présence, nombre de personnes, etc.). C’est indispensable à la mesure et l’optimisation de l’efficacité énergétique.
Pour vous donner une idée, les experts estiment qu’une gestion fine de l’intermittence de la présence permet de réduire les consommations énergétiques de 15 %.
Enfin et afin d’afficher clairement son ambition de sobriété énergétique, je préconise la mise en place d’un contrat de performance énergétique avec l’exploitant et d’une charte de sobriété énergétique par laquelle les acteurs du bâtiment s’engageront à réduire leur impact énergétique.
Pour aller plus loin...
Une fois la GTB installée, voici quelques conseils :
Au quotidien pour les gestionnaires, éviter de faire de la micro gestion. Privilégier des tableaux de bord contextualisés avec des indicateurs clés qui permettront d’identifier les défauts d’efficacité énergétique. Demander à l’exploitant de publier ses tableaux de bord sur le rendement des équipements comparé aux indices de référence.
Aux exploitants, je préconise des tableaux de bord hebdomadaires pour repérer les défauts d’optimisation et identifier les équipements qui méritent de meilleurs réglages, une opération de maintenance voire un remplacement.
Enfin, la sobriété énergétique du bâtiment est l’affaire de tous. 1°C de moins dans l’open-space peut générer un véritable gain ! Partager avec les usagers l’information de leur impact sur les consommations est indispensable pour atteindre les objectifs.